8 décembre


Rencontre cinéma

20h

Rencontre: Mi país imaginario de Patricio Guzmán

Depuis La Bataille du Chili, Patricio Guzmán construit une filmographie qui révèle les traumatismes et l'histoire politique de son pays. Après notamment Nostalgia de la luz, Le bouton de nacre ou La Cordillère des songes, le cinéaste chilien réalise avec Mi país imaginario son film le plus féministe et le plus brûlant d’actualité en revenant sur les manifestations d'octobre 2019 et la soif de démocratie de son pays.
La projection sera suivie par une rencontre avec Iara Heradia Lozar, réalisatrice de La Barque n'est pas pleine et Me duele la memoria, et dont l'histoire personnelle et familiale résonne avec celle du Chili. Autres intervenantes à confirmer.

Séance organisée en partenariat avec Ciné-doc.

Mi país imaginario de Patricio Guzmán
(Documentaire, Chili, France, 2022, 1h23, v.o. s-t fr., 14/14) – En octobre 2019, le Chili vit une explosion sociale inattendue. Un million et demi de personnes manifestent dans les rues de Santiago pour exiger plus de démocratie et une vie digne. Patricio Guzmán se fait aussitôt le témoin de la protestation et documente les gens qui défilent aux sons de l’indignation. Ouvrant un dialogue cinématographique entre passé et présent, réanimant sa propre mémoire et celle des "protestas" d’autrefois, le cinéaste donne la parole aux femmes en lutte d'aujourd'hui. Mères, photographes, médecins, habitantes des bidonvilles, étudiantes, journalistes, Mapuche, écrivaines, joueuses d’échecs, créatrices de la chorégraphie «El violador eres tú!»...: elles sont les voix d’un pays résolu à se débarrasser de l’héritage de la dictature pour garantir un avenir humain, social et égalitaire: un pays imaginaire.
«En 1972, Patricio Guzmán avait filmé la Bataille du Chili. En octobre 2019, un mouvement de contestation sans précédent secoue le pays. De ce matériau, le réalisateur signe une fresque poétique et politique sur un pays qui retrouve sa mémoire.» (L'Humanité)
«Guzmán, qui a vu en son temps verser le sang de ses camarades et étouffer dans l’œuf l’espoir démocratique exactement pour les mêmes raisons, filme tout cela comme en retenant son souffle. Son film se regarde dans les mêmes dispositions.» (Le Monde)
«Rythmé par la parole de différents acteurs du soulèvement, scrutant chaque étape qui a mené à l’écriture de la nouvelle Constitution, le film touche d’autant plus que l’on sait désormais que sa bataille fut soldée comme la première par son lot de désillusions et par cet aveu silencieux qui semble traverser le film comme un principe de fatalité et de mélancolie: à l’instar de la plage sous les pavés, le pays d’idéal et de songes rêvé par Guzmán restera imaginaire.» (Cahiers du Cinéma)

Patricio Guzmán AUTOUR DU FILM
Mon dernier film, La cordillère des songes, se termine par une séquence où je raconte que ma mère m’avait appris qu’à la vue d’une étoile filante dans le ciel, je pouvais faire un vœu en mon for intérieur et que ce vœu deviendrait réalité. Dans cette séquence finale, je dis à voix haute que mon vœu est que le Chili retrouve son enfance et sa joie.
En octobre 2019, lorsque mon film est sorti en salles en France, il s’est passé au Chili quelque chose de complètement inattendu pour moi: une révolution, une explosion sociale. Un million et demi de personnes ont manifesté pour plus de démocratie, pour une vie plus digne, une meilleure éducation et un meilleur système de santé pour tous. Le Chili avait retrouvé sa mémoire.
Depuis Allende, je n’avais jamais vu une chose pareille. Comme au temps de l’Unité Populaire, j’ai entendu les chansons de Victor Jara et de Los Prisioneros et de bien d’autres encore. Elles étaient désormais interprétées par les gens d’aujourd’hui. J’ai eu le sentiment d’une mémoire parfaitement transmise et présente de tous les côtés. Des milliers de citoyens ont défilé, crié et tagué les murs. Des gens ordinaires. Beaucoup étaient les parents des étudiants présents, des retraités, d’ex-fonctionnaires, ou encore des employés et des gens anonymes. Il n’y avait pas de leader, il n’y en a toujours pas. On n’a aperçu aucune tête connue.
Le peuple a marché dans les rues, face à la police et leurs canons à eau. De nombreuses personnes ont perdu un œil. Il y a eu des milliers de blessés et trente-deux morts. Mais comment était-ce possible que tout un peuple se réveille quarante-sept ans après le coup d’État de Pinochet dans ce qu’on appelle un éclatement social, une grande rébellion ou même une révolution?
Pour moi, c’était un mystère.
Alors, j’ai enquêté sur ce mystère, j’ai filmé son effet sur l’ambiance, sur l’air, sur les émotions et les sentiments des gens de mon pays.
Cinquante ans après avoir réalisé La Bataille du Chili, j’étais de nouveau dans la rue pour filmer ce qui se passait. J’étais là au moment où le peuple chilien a voté pour une nouvelle constitution et a obtenu une majorité de 80% en faveur d’une assemblée constituante. J’étais là quand un nouveau président de gauche de 35 ans, Gabriel Boric, a été élu avec 56% des voix.
Du jamais vu dans l’histoire du pays, de mon pays imaginaire...

BIO CINéASTE
Né en 1941 à Santiago du Chili, Patricio Guzmán fait des études à l’École de théâtre de l’Université du Chili, puis aux Facultés d’histoire et de philosophie mais qu'il doit abandonner pour des raisons financières. Il choisit de partir à Madrid au milieu des année 1960 afin d'étudier à la prestigieuse École officielle de cinéma et de se spécialiser dans le documentaire, tout en travaillant pour l’un des plus grands studios de publicité d’Espagne.
En 1971, mû par les bouleversements en cours au Chili, Patricio Guzmán décide de retourner dans son pays natal et sort l’année suivante son premier long-métrage documentaire, El primer año, sur les douze premiers mois du gouvernement de Salvador Allende. Il est remarqué par Chris Marker, de passage à Santiago, avec lequel il va développer une relation étroite. Fasciné projet révolutionnaire socialiste et pacifiste d’Allende, Guzmán réalise alors la trilogie documentaire La Bataille du Chili. Chris Marker va l’aider à produire le film, lui fournissant notamment de la pellicule pour tourner cette œuvre majeure, dont le tournage est interrompu le 11 septembre 1973, jour du coup d’État de Pinochet. Arrêté et enfermé durant deux semaines au Stade national, menacé d’exécution, Guzmán parvient à s’exiler grâce à sa double nationalité espagnole. Il s’installe à Cuba, puis en Espagne et finalement à Paris où il va réaliser de nombreux films tels que En nombre de Dios, sur l’opposition de l’Église catholique à la dictature et les manifestations réprimées en 1985 ou La cruz del Sur sur la religiosité populaire en Amérique latine. Dès 1997, il retourne au Chili et commence à combler les manques de l’histoire avec Chile, la memoria obstinada. Suivent El caso Pinochet sur les procès contre le dictateur, ainsi qu’un portrait intitulé Salvador Allende. Il va continuer sa fascinante exploration de la mémoire récente de son pays dans sa trilogie composée de Nostalgia de la luz, El botón de nácar et La cordillera de los sueños, avant de signer Mi país imaginario, qui revient sur l’explosion sociale de 2019.
Multipliant les masterclass, les rencontres avec les étudiants et les cinéphiles, Patricio Guzmán est aussi enseignant, artiste désireux de transmettre, et président du Festival international du film documentaire de Santiago du Chili (FIDOCS), qu’il a fondé en 1997.

INFOS PRATIQUES
Portes: 19h30, Projection suivie d'une discussion: 20h
Tarifs: 15.- (plein) / 12.- (réduit) / 10.- (membres)

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