Après J'veux du soleil!, consacré au mouvement des Gilets jaunes, et Debout les femmes!, qui donnait la parole à des travailleuses occupant des métiers essentiels mais dévalorisés, Gilles Perret et François Ruffin se réunissent une troisième fois et proposent Au Boulot!, comédie documentaire qui, en suivant une avocate libérale qu'ils mettent au défi de vivre avec le SMIC et de rencontrer des travailleurs et travailleuses précaires, parvient à brosser le portrait de la France invisible. Un road movie documentaire engagé, à la fois drôle et touchant, à l'affiche tout décembre et à découvrir en avant-première en présence du cinéaste Gilles Perret.
Au Boulot! DE Gilles Perret et François Ruffin
(Doc., France, 2024, 1h24, en français, 16/16) – «C’est quoi ce pays d’assistés? De feignasses?». Sur le plateau des Grandes Gueules sur RMC, l’avocate parisienne Sarah Saldmann s’emporte: «Le Smic, c’est déjà pas mal.» D’où l’invitation du député François Ruffin qui lui propose d’essayer de vivre pendant trois mois avec 1'300 euros. Sa réponse: «Une semaine, ce sera déjà pas mal!». Il la prend au mot. Alors: peut-on réinsérer les riches? Une comédie documentaire, avec des rires et des larmes, qui met à l’honneur celles et ceux qui tiennent la France pays debout.
GILLES PERRET ET FRANçOIS À PROPOS DE LEUR FILM
On avait l’idée de réaliser un road movie sur celles et ceux qui tiennent le pays debout, les soignants et les enseignants, les caristes et les aides à domicile, qu’on suivrait au boulot, racontant leur fierté, leurs difficultés. Mais ça restait encore très flou. Surtout, ça manquait d’un récit et d’un peu de folie: franchement, Ruffin et Perret qui font un documentaire sur les ouvriers, les ouvrières, c’est tellement attendu!
Alors, quand on tombe face à Sarah Saldmannn, une avocate parisienne, ultra-libérale, zéro pitié pour les gens, on se dit: "y a un truc"! C’était le déclic qui nous manquait. Il ne s’agissait pas du tout d’un film sur elle, mais elle allait servir de prétexte pour rencontrer nos vrais héros, nos héroïnes: Amine, le livreur de colis, Louisa, auxiliaire de vie, Ked, à la découpe de poissons, Elie, agriculteur dans le Morvan... Ça mettrait du mordant: évidemment, entre Sarah la riche et eux, ça produirait un décalage, de l’humour.
Très vite, ce dispositif a fonctionné! Une chose, notamment, nous a plu: le film donnait un droit de réponse aux gens. Elle insultait les employés à la télé, sur les retraites, sur les arrêts-maladie, «tire au flanc», et ils lui répondaient, en vrai, sur le terrain. On a tous rêvé de ça, je crois: de prendre les ministres, les éditorialistes, et de les envoyer en stage dans un Ehpad ou dans une déchetterie... «Alors, t’es d’accord pour l’augmenter, le Smic maintenant? Et quarante années de cotisation, ça te suffit? Tu crois que tes genoux vont tenir?». Le monde qui se renverse, le temps d’un film.
À L'AFFICHE EN DÉCEMBRE
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