D'Agnieszka Holland
Fiction, Pologne, France, République tchèque, Belgique, 2023, 2h32, v.o. s-t fr., 16/16
Après avoir fui la guerre, une famille syrienne se retrouve prise au piège entre la Biélorussie et la Pologne, dans les forêts marécageuses de la "frontière verte". Parmi tant d’autres, enfants et parents sont à la merci de militaires, violemment rejetés d’un pays à l’autre, tandis que des activistes tentent de leur venir en aide. Ils réalisent peu à peu qu'ils sont les otages malgré eux d'une situation qui les dépasse, où chaque protagoniste - garde-frontières, activistes humanitaires, population locale - tente de jouer sa partition...
Agnieszka Holland, réalisatrice notamment de
L'Ombre de Staline et
Europa Europa, signe avec
Green Border un film en noir et blanc saisissant sur le drame des migrants, multipliant les points de vue pour interroger les consciences. Une œuvre forte, primée à Venise et présentée en compétition au FIFDH à Genève.
«L'histoire que raconte la grande cinéaste polonaise Agnieszka Holland, entre petites tragédies du quotidien, racisme ordinaire et espoir, aborde les circuits de la migration d'une manière immersive qui marque durablement.» (Le Temps)
«Souvent attachée à la dimension tragique de l’histoire, la cinéaste polonaise s’inscrit cette fois dans un passé récent mortifère qui ne passe pas. À la déshumanisation des réfugiés, elle oppose la question complexe de l’accueil, du délit de solidarité, de la différence entre la légalité et l’équité. Humaniser pour ne pas banaliser la violence et les incessants refoulements à la frontière.» (L'Humanité)
«Un chef-d’œuvre plein d’humanité, bouleversant, furieux et brillant.» (Deadline)
«Agnieszka Holland raconte, en noir et blanc, le martyre des migrants, la générosité des inconnus qui tentent d’aider, l’immonde cynisme du système. On sort de là éprouvé, secoué, révulsé, avec l’envie de foutre le feu. Le cinéma, ici, est l’arme de la révolte.» (L'Obs)
«Un film en noir et blanc intense qui vrille le cœur et interroge longtemps après sa projection sur ce qu'il reste de notre humanité face à la crise migratoire.» (Marie Claire)
Agnieszka Holland à propos de son film
Après la Deuxième Guerre mondiale, les pays occidentaux ont compris que le droit d’asile devait être un droit fondamental pour intégrer moralement des sociétés brisées et répondre aux défis de l’inégalité. Le respect de ce droit s’est progressivement érodé ces dernières années dans l’Union européenne, qui se transforme en forteresse tandis que ses ennemis, comme Poutine et Loukachenko, utilisent la guerre et la misère des réfugiés fuyant les conflits comme une sorte d’arme hybride.
Le destin de ces migrants et la catastrophe humanitaire à laquelle ils étaient confrontés à moins de trois heures de Varsovie m’ont ému: j’y voyais quelque chose de symbolique et peut-être les premiers signaux d’un drame pouvant conduire à l’effondrement moral (et aussi politique) de notre monde.
Le cinéma n’est pas complètement impuissant – il peut montrer la vérité sur le monde et le destin humain de manière polyphonique, à partir de différents points de vue. Il peut éclairer des choix humains difficiles, l’impuissance et l’invisibilité de certains êtres avec la lumière du pathos et les sortir de l’ombre. Il peut poser des questions auxquelles nous n’avons pas de réponses, mais en nous les posant, nous pouvons donner un peu plus de sens au monde.
La politique et les politiciens déterminent nos vies, mais ce qui m’intéresse le plus, c’est comment leurs actions, choix et inactions s’incrustent dans la vie des gens ordinaires et dans les choix auxquels ils sont confrontés.
C’est pourquoi nous avons adopté trois perspectives très différentes pour raconter cette histoire: celles d’une famille de réfugiés syriens, d’un jeune garde-frontière et d’une activiste malgré elle – une femme de cinquante ans qui ne peut s’empêcher de répondre aux cris de ceux qui sont dans le besoin.