Comment les films peuvent-ils devenir
des outils de médiation sur le sujet des violences sexistes, notamment
auprès d’un public jeune? En pleine préparation de la grève féministe 2023, le groupe Chailly du collectif de la Grève féministe vaudoise organise une série d’évènements jusqu’au 14 juin. À cette occasion, le Cinéma CityClub projette le film Cascadeuses d'Elena Avdija. Prix de l'Œil d'or de la compétition Focus du dernier festival de Zurich, le premier long-métrage de la cinéaste suisse brosse le portrait de trois femmes cascadeuses, tournant la caméra vers ces figures de l’ombre qui jouent à être frappées, tuées ou violées pour les besoins d’un scénario. À l'issue de la projection, le collectif proposera une discussion sur la manière dont les représentations liées aux violences sexistes sur les écrans infusent dans les manières d’être et de vivre et normalisent notre rapport à ces dernières. Projection et discussion en présence de militant·e·s de la grève féministe ainsi que de la réalisatrice.
Cascadeuses d'Elena Avdija
(Doc.,
Suisse, France, 1h25, en français, allemand et anglais avec s-t fr.) –
Virginie, Petra et Estelle sont des cascadeuses. Elles se font renverser
par des voitures ou frapper par des maris violents et des gangsters,
souvent à plusieurs reprises. Et à chaque fois, elles se remettent sur
pied, prêtes à tourner la scène autant de fois que nécessaire. La
liberté, la gloire ou la recherche du pouvoir alimentent le désir de ces
femmes de pousser leur corps jusqu’à ses limites. Mais quelle violence
leur corps et leur esprit sont-ils capables d’endurer?
En s’éloignant du plateau pour entrer dans la vie privée de ces trois protagonistes,
Cascadeuses dédramatise le spectaculaire pour devenir un film d’action de l’intime.
«Alors
que leurs pendants masculins jouent les bourreaux ou les héros, les
rôles endossés par les cascadeuses restent souvent des rôles de femmes
opprimées, battues et maltraitées. Pourtant, elles doivent aussi suivre
un entraînement difficile jour après jour pour pouvoir exécuter ces
scènes éprouvantes pour le corps. Dans son premier film, la réalisatrice
Elena Avdija nous offre l’aperçu d’un business palpitant mais brutal où
les actrices restent souvent dans l’ombre.» (Zurich Film Festival)
«Dépassant
le sensationnalisme de son sujet, la réalisatrice choisit de mettre
l'accent sur le quotidien de ses protagonistes qui révèlent pudiquement
leurs bleus tout en cachant les nombreux autres qui restent invisibles,
qui partagent leurs secrets, leur besoin de reconnaissance, leurs
espoirs... Un portrait touchant et authentique.» (Cineuropa)
Elena Avdija à propos du film
J’ai
toujours eu un intérêt pour les questions de genre, déjà bien avant
ce projet, mélangé à une fascination pour les coulisses du cinéma.
Avec
ma collègue de l’époque, Jeanne Lorrain, on regardait des cascades au
cinéma et on s’est demandé quelle était la réalité de ce métier,
qui avait l’air d’être surtout masculin. On ne connaissait personne qui
l’exerçait mais on a rapidement été mises sur la piste de Virginie
Arnaud, qui est LA cascadeuse française et qui nous a raconté son
histoire. Cependant, le film n’est pas juste un portrait d'un métier. Il
y a un enjeu de genre au-delà de la représentativité
professionnelle: la représentation des femmes à l’écran. Virginie
était consciente de doubler beaucoup des comédiennes victimes de
violence. On parle beaucoup de la parole des femmes dans le cinéma, de
la manière dont elle est distribuée, avec le test de Bechdel par
exemple. Mais comment la violence est distribuée? Cette question, on
n'a que peu l’habitude de la considérer. C’est ce qu’explore le film.
Soutien
Séance organisée avec le soutien de la Ville de Lausanne