COMPLET
Algarve, en plein boom des années 1990. Le jour où sa grand-mère décède, Milene rencontre Antonino… En lice pour le principal prix aux Journées de Soleure, Le Vent qui siffle dans les grues est le troisième long-métrage de Jeanne Waltz, cinéaste suisse installée en Portugal. Après son film Pas douce, lauréat du Quartz du meilleur scénario aux Prix du cinéma suisse en 2008, elle adapte le roman éponyme de Lídia Jorge et réalise un drame romantique sur fond de l’histoire récente du Portugal. À découvrir en présence de la cinéaste et durant tout le mois de février.
Le Vent qui siffle dans les grues de Jeanne Waltz
(Fiction, Portugal, Suisse, 2023, 1h33, v.o. s-t fr., 16/16) – Algarve, début des années 1990. Restée seule après le décès de sa grand-mère, Milene Leandro, 27 ans, se réfugie dans l’ancienne usine familiale, où vivent désormais les Mata, une famille capverdienne. Elle y fait la rencontre d’Antonino. En dépit de leurs différences, une idylle naît entre les deux. Mais pour la famille Leandro, riches notables de la région, une telle relation est inconcevable. Ils décident de prendre en main la vie de Milene…
Jeanne Waltz à propos de son film
J'aime les longues histoires, celles qui nous laissent le temps d'entrer dans leur monde, qui ne nous donnent pas tout de suite la clé de leurs protagonistes. Dans ce sens, le roman de Lídia Jorge est un trésor, avec sa kyrielle de personnages forts et bien définis situés dans une géographie précise. Tout un éventail d'émotions les fait bouger. De la tendresse à la rage, de la joie au dégoût, de la peur à l'audace: le voyage est accidenté.
Et puis, il y a Milene, autour de laquelle l'histoire se construit, créature extraordinaire de force vitale et d'optimisme en dépit des circonstances.
Fidèle aux personnages du roman, mon adaptation du Vent qui siffle dans les grues tisse deux fils principaux dans l'enchevêtrement narratif. Le premier raconte l'éclosion de l'amour de Milene, un amour qui la transforme et la rend indépendante, tandis que le deuxième brosse le portrait de deux familles, miroirs l'une de l'autre, dans l'Algarve du boom immobilier des années 1990. D'un côté les Leandro, riches et influents descendants d'une industrie aujourd'hui disparue, qui cherchent à s'établir dans le tourisme, nouvelle source de richesse. Et de l'autre, les Mata, des nouveaux-venus immigrés du Cap-Vert, qui habitent les ruines de l'ancien monde.
Ce film parle de l'Autre, du Différent, de l'Étranger. Qui tour à tour nous attire et nous effraie, nous accueille et nous repousse. Plus l'autre est différent de nous, plus le chemin est long pour parvenir jusqu'à lui. Mais en le parcourant, nous augmentons nos chances de découvrir des choses que nous n'imaginions pas, chez lui et chez nous-mêmes.
Bio cinéaste
Autrice, scénariste et réalisatrice suisse, Jeanne Waltz travaille principalement au Portugal où elle réside depuis de nombreuses années.
Avant de passer à la réalisation de ses propres films, elle travaille en tant que directrice artistique et scénaristes, notamment auprès des cinéastes Teresa Villaverde, Paulo Rocha et Joaquim Pinto. En 1995, elle réalise La Couveuse, son premier court-métrage de fiction, présenté à Locarno. Après plusieurs autres courts-métrages, elle tourne à Lisbonne Daqui p'rá alegria en 2003, son premier long-métrage (sélectionné au Festival del Cinema Europeo en 2004), puis Pas douce en 2007, tourné à la Chaux-de-Fonds. Pas douce, coproduit avec la France, est sélectionné et primé au festival IndieLisboa en 2007 et remporte le Quartz du Meilleur scénario aux Prix du cinéma suisse en 2008.
En parallèle de sa carrière de réalisatrice, Jeanne Waltz a aussi été chargée de cours à l'ECAL – École cantonale d'art de Lausanne et a créé un atelier de direction d'acteur à l'Université du cinéma de Rio de Janeiro. En 2019, elle obtient un Master en animation à l'Université Lusófona de Lisbonne.
À l'affiche en février