La cinéaste et comédienne suisse Jenna Hasse vient présenter son premier long-métrage, L'Amour du monde, notamment sélectionné au festival de Berlin. Un film estival tendre et mélancolique, tourné dans la région de la Côte et librement inspiré du roman de Ramuz, qui narre la rencontre de trois âmes solitaires en quête de repères et d'évasions.
L'Amour du monde de Jenna Hasse
(Fiction, Suisse, 2023, 1h16, en français, 8/12 ans) – Sur les rives du lac Léman, la douce Margaux, 14 ans, rencontre Juliette, une enfant rebelle de 7 ans placée dans un foyer, et Joël, un pêcheur récemment rentré d’Indonésie à la suite du décès de sa mère. Trois âmes solitaires qui cherchent leur place dans la vie et qui, dans la moiteur fiévreuse de l’été, se soutiennent mutuellement pendant un bref moment. Un port de pêche idyllique devient leur lieu de retraite, le lac et la nature leurs alliés, jusqu’à ce que la réalité fasse à nouveau éclater ce trio.
«Une petite musique de l’intime qui a le charme mélancolique d’une douce soirée estivale. Clarisse Moussa est une actrice singulière capable d’une belle intériorité et captant magnifiquement la lumière.» (Le Temps)
«Jenna Hasse montre avec une infinie tendresse d’autres possibilités à la famille traditionnelle telle qu’on la connaît.» (Le Matin Dimanche)
«C’est dans son langage visuel, à l’orée du silence et bercé par le doux clapotis de l’eau, que L'Amour du monde trouve une voix singulière. Une œuvre tendre et contemplative.» (Cineman)
La cinéaste à propos du film
J’ai eu envie de faire ce film en relisant le livre
L'Amour du monde de Ramuz. Je l’ai découvert à 16 ans, et je l’ai relu depuis une vingtaine de fois. Ma première envie a été d’adapter le livre: une histoire chorale, qui raconte l’arrivée du cinéma dans le Lavaux. Puis, j’ai décidé de m’en écarter, de garder certaines thématiques, certains traits des personnages, mais de raconter une histoire contemporaine.
Dans son roman, Ramuz aborde la fascination pour l’ailleurs et pour l’exotisme que provoquent les images de cinéma. Il raconte la concurrence des imaginaires: c’est-à-dire la confrontation entre le récit des voyageurs, qui partagent leurs aventures, et le récit de ceux qui restent chez eux et découvrent les images du monde à travers le cinéma, leur seule possibilité à l’époque. Aujourd’hui, voir des images du monde ne nous bouleverse plus de la même manière. Dans mon film, je voulais alors montrer autre chose, proposer un chemin différent à mes personnages et imaginer une quête plus personnelle et plus intérieure.
Dans mes films, l’ailleurs est perçu comme une échappatoire. L’ailleurs, ou le voyage, est utilisé à la fois dans sa dimension symbolique et comme "forme de récit". Il me permet d’emmener les personnages dans une quête plus existentielle. Mes personnages ont envie de l’ailleurs, ils en rêvent, ils ont en besoin, voire ils le vivent, mais ils doivent avant tout se confronter à eux-mêmes.
Ce que je voulais aussi explorer dans L’Amour du monde, c’est la force de l’imaginaire et de la fiction: l’ailleurs, c’est aussi et surtout ça; l’imaginaire et le besoin de fiction.
Partenariats
Projection organisée en partenariat avec l’association
Jardin des Parents, la
fondation As’trame et la
Fondation Jeunesse & Familles.