Rencontre cinéma

mardi 9 mai
20h30

Rencontre: Chevalier noir d'Emad Aleebrahim Dehkordi

Grand prix au festival Premiers Plans d’Angers et Étoile d’Or au Festival de Marrakech en 2022, le film iranien Chevalier noir d’Emad Aleebrahim Dehkordi, tourné avant les révoltes récentes, s'inspire de la mythologie iranienne et d'une histoire ayant impliqué des proches du cinéaste. Un portrait saisissant de l’Iran contemporain, entre tragédie classique, chronique familiale et thriller haletant, projeté en présence du cinéaste et à l'affiche tout le mois de mai.

Chevalier noir d'Emad Aleebrahim Dehkordi
(Fiction, Iran, France, Allemagne, Italie, 2022, 1h42, v.o. s-t fr., 16/16) – Iman et son jeune frère Payar sont inséparables malgré leurs différences. Ils vivent avec leur père dans un quartier du nord de Téhéran. Après la mort de leur mère, Iman cherche à tout prix à sortir de l’impasse d’une vie quotidienne étouffante et profite de ses relations privilégiées avec la jeunesse dorée de Téhéran pour se lancer dans un juteux petit trafic. Mais ce qui semblait être le chemin vers un nouveau départ les entraîne tous deux dans une spirale qui va bouleverser leur destin.
«Ce film noir témoigne de certaines réalités douloureuses de l’Iran contemporain et révèle un metteur en scène qui maîtrise les codes du cinéma de genre. Une des plus belles découvertes de l’hiver.» (Marianne)
«Chevalier noir montre une jeunesse iranienne bafouée mais salue sa noblesse, sa grandeur. Et nous va droit au cœur.» (Télérama)
«À la fois conte, thriller et tragédie, Chevalier noir fascine par sa fluidité et son sens du timing – des silences et hésitations minutieusement placés qui en disent plus que vingt lignes de dialogues, une capacité à surprendre quand tout semble terriblement évident – et un ultraréalisme proche du documentaire (caméra à l’épaule, vue subjective).» (Libération)
«Si le fantastique revient par petites touches, c’est dans son réalisme que le film trouve un ton plus personnel, en racontant comment les deux frères, marqués par la disparition récente de leur mère et héritiers d’une parcelle de terre près de la ville, se retrouvent intimement "déplacés" par leurs relations avec d’anciens expatriés.» (Les Cahiers du Cinéma)
«La caméra alerte d’Emad Aleebrahim Dehkordi, plasticien originaire d’Iran et diplômé de l’école du Fresnoy, ne lâche pas d’un pouce son héros sous tension permanente et révèle dans sa foulée, et avec un tact saisissant, une kyrielle de personnages captivants.» (Le Journal du Dimanche)


Emad Aleebrahim Dehkordi à propos du film
J'ai commencé à écrire le scénario en 2012. À cette époque, je m’intéressais beaucoup à la mythologie perse. Un jour, alors que je vivais déjà à Paris, ma mère m’a appelé pour me raconter une histoire vraie qui venait d’avoir lieu dans mon quartier du nord de Téhéran et qui avait impliqué certains de mes amis, une histoire de revanche ratée. Cette histoire m’a bouleversé, j’ai été frappé par sa violence abrupte et son potentiel tragique.
Sa résonance avec des histoires narrées dans la mythologie iranienne m'a sauté aux yeux: on y trouve beaucoup de récits de revanche et d’héritage. On y explore les liens complexes entre père et fils, entre frères, mais aussi des histoires d’amour qui viennent bouleverser les destins. J’y ai vu la possibilité de raconter une histoire très contemporaine, ultraréelle, avec les codes narratifs du conte persan. Ces deux frères sont des chevaliers qui doivent défendre un territoire, la moto n’est qu’un destrier maudit. Et le quartier de Shemroon, où a été tourné le film et qui surplombe Téhéran, ressemble à une citadelle, une sorte de château-fort…
L’histoire est donc inspirée par des vraies gens autour de moi, notamment deux frères qui vivaient seuls avec leur mère au moment du fait divers. Leur père était absent. Mais j’ai rapidement dû changer cela dans le scénario car je me suis confronté à l'impossibilité de montrer l'intimité d'une mère avec ses garçons à cause de la censure. Dans le milieu que je mets en scène, les femmes ne portent pas de foulard chez elles, or j'aurais été obligé de la filmer avec un foulard. Je ne pouvais pas croire à cela. J'ai donc renversé la situation, et l'absence de la mère est devenue le catalyseur de la crise qui éclate dans la cellule familiale.
C’est le même problème pour les autres personnages féminins. Lorsque je filme Hanna, elle est soit en train de sortir et a déjà mis son foulard, soit entre deux portes avec sa capuche. Cela rend le port du foulard imposé par la censure plus réaliste, même si ça complique quand même la mise en scène et demande des concessions.
Ce n'est par ailleurs pas simple de filmer la jeunesse à Téhéran, de mettre en scène le monde de la nuit en suivant les règles de la censure. Il faut rester en équilibre sur une ligne très fine. C’est pour cette raison qu’on ne voit pas de films sur ce milieu-là, et il faut réussir à trouver une forme à la frontière du réalisme et des règles imposées en Iran.

À l'affiche en mai
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INFOS PRATIQUES
Portes: 20h, Projection suivie d'une discussion: 20h30
Tarifs: 15.- (plein) / 12.- (réduit) / 10.- (membres)

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