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Unrueh

De Cyril Schäublin
Avec Clara Gostynski, Alexei Evstratov, Monika Stalder
Fiction, Suisse, 2022, 1h33, v.o. s-t fr., 6/12

«L’indépendance de pensée et d’expression que je rencontrais dans le Jura suisse répondait bien mieux à mes sentiments; et après avoir passé quelques semaines chez les horlogers, mes opinions sur le socialisme étaient fixées: j’étais anarchiste» (Pyotr Kropotkine).
1870 à Saint-Imier. Joséphine, jeune ouvrière, fabrique la pièce maîtresse de l’horloge mécanique: le balancier. Exposée à de nouvelles façons d'organiser l'argent, le temps et le travail, elle s'engage dans le mouvement local des horlogers anarchistes, où elle rencontre le voyageur russe Pyotr Kropotkine, géographe, cartographe et théoricien du communisme libertaire…
Descendant d’une famille d'ouvrières horlogères, le cinéaste zurichois Cyril Schäublin plonge dans son passé et explore les liens entre histoire suisse et anarchisme. Il signe ici son second long-métrage, sélectionné dans de nombreux festivals et lauréat à Berlin du Prix de la meilleure réalisation dans la sélection Encounters, section qui récompense les films audacieux et innovants d'un point de vue esthétique et narratif. Une œuvre inclassable, à la beauté et l’intelligence rare.
« Une fable remarquable et étonnante sur le capitalisme. » (Le Monde)
«Avec un calme étrange et troublant, Unrueh plonge le spectateur dans une période de l'histoire où les idéaux de collectivité et d'anarchisme affrontent les pouvoirs envahissants du capitalisme. Après ses débuts avec Dene wos guet geit, Cyril Schäublin continue à développer son style: avec un soin extrême de la composition, il intercale des plans larges et des très gros plans qui lui sont typiques et qui également célèbrent l'artisanat. Sa position politique claire montre aussi, par le biais de la distanciation et de l'ironie, à quel point son sujet est actuel et universel.» (Jury de la section Encounters, Berlinale 2022)
«Comment traduire efficacement le surréalisme qui rend Unrueh si unique? C’est une comédie rêveuse et absurde située dans un village découpé par des décrets absurdes en quatre fuseaux horaires. Mais sous la lisse surface des politesses, Cyril Schaüblin montre que toutes les petites mains du village s’agitent en cadence. À force de gros plans sur des mécanismes horlogers, il bâtit alors le plus curieux des comptes à rebours. Si les personnages d'Unrueh semblent parfois construire une bombe ou une machine à voyager dans le futur, Cyril Schaüblin a donné naissance à un film au charme inclassable.» (Le Polyester)
«Unrueh… il suffirait d’échanger les deux dernières lettres du mot pour passer de la signification en allemand de "balancier" à "désordre", "agitation". C’est dans cette ambivalence sémantique que le réalisateur zurichois construit, tel un horloger, son film à double mécanique. Cyril Schäublin expose avec précision et foultitudes de détails comment fonctionne une montre mécanique. Cette déconstruction de mécanique horlogère adossée à celle de la mécanique du capitalisme industriel produit une œuvre singulière, d’une grande finesse et de toute beauté.» (J:mag)

Rencontre cinéma
Vendredi 2 décembre à 20h en présence du cinéaste
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Falcon Lake

De Charlotte Le Bon
Fiction, France, Canada, 2022, 1h41, en français québécois avec s-t fr., 16/16

Bastien, 13 ans, et Chloé, 16 ans, enfants de parents amis, passent leurs vacances d'été dans une cabane au bord d'un lac au Québec. On raconte qu’un enfant y serait mort noyé et qu’il hanterait désormais les lieux. Malgré la différence d'âge qui les sépare, les deux jeunes vont nouer des liens singuliers…
Après un court-métrage remarqué, l'actrice et cinéaste québécoise raconte dans son premier long une histoire d’amour et de fantômes. Un récit initiatique et poétique, aux tonalités fantastiques, sélectionné notamment à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes.
«Rarement la soif et la peur de vivre, les sentiments confus et les penchants morbides de cet âge ont été aussi bien incarnés – chapeau à Sarah Montpetit et Joseph Engel, déjà formidable chez Louis Garrel.» (L’Obs)
«La beauté de Falcon Lake tient beaucoup à l’effort de rester coûte que coûte du côté de cette indécision, quitte à se moquer de la logique et du rationnel, et sans pour autant surjouer l’hésitation classique entre fantastique et réalisme (autre frontière naturellement brouillée ici).» (Cahiers du Cinéma)
«Falcon Lake, premier long-métrage de la comédienne Charlotte Le Bon, impressionne par son ambiance et sa maîtrise.» (Le Parisien)
«Une douce rêverie mélancolique, qui commence comme un tendre teen movie avant de s'envoler vers une poésie d'une infinie délicatesse. Une des plus belles surprises de 2022.» (Écran Large)


Saint Omer

d'Alice Diop
Avec Atillahan Karagedik, Kayije Kagame, Guslagie Malanda
Fiction, France, 2022, 2h02, en français, 12/14

Sur les bancs d’un procès d'assises, Rama, une jeune romancière, vient écouter une mère jugée pour infanticide, accusée d’avoir tué sa fille de quinze mois en l’abandonnant à la marée montante sur une plage. Mais au cours du procès, rien ne se passe comme Rama l’avait prévu. La romancière commence ainsi à se questionner sur son propre rapport à la maternité, la parole de l’accusée et l’écoute des témoignages faisant vaciller ses certitudes et l’interrogeant sur ses jugements…
Représentant de la France aux Oscars, lauréat du Lion d’argent et du Prix du meilleur premier film à la dernière Mostra de Venise, Reflet d'or du meilleur film au GIFF, Saint Omer d'Alice Diop s'inspire d'une histoire vraie et suit le procès d'une mère jugée pour infanticide à travers les yeux d'une romancière. À la fois chronique judiciaire et intriguant portrait psychologique, le premier long-métrage de la réalisatrice d’origine sénégalaise est un drame bouleversant qui explore le rapport complexe à la maternité et la place des femmes dans la société.

RENCONTRE CINÉMA
Mercredi 30 novembre à 20h30 en présence de l'actrice Kayije Kagame
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Armageddon Time

De James Gray
Fiction, États-Unis, 2022, 1h55, v.o. s-t fr., 16/16

Années 1980. Paul grandit dans le Queens, à New York, au sein d’une famille d’origine juive. Au lieu de se concentrer sur ses études, il préfère peindre et dessiner. Seul son grand-père soutient ses ambitions artistiques. Paul et son meilleur ami Johnny, un Afro-Américain, font ensemble les 400 coups. Jusqu’à ce que les parents de Paul décident de placer leur enfant en école privée… L’histoire intime du passage à l’âge adulte d’un garçon du Queens dans les années 1980, de la force de la famille et de la quête générationnelle du rêve américain… Sélectionné en compétition à Cannes, avec notamment Anne Hathaway et Anthony Hopkins au casting, Armageddon Time soigne un style épuré pour mieux servir l’intime. Un film d’une grâce infinie sur la perte de l’innocence.
Après avoir signé cinq drames (dont We Own the Night et Two Lovers) ayant pour théâtre sa ville natale de New York où il met en scène des groupes d’individus aux liens aussi étroits que troubles, James Gray s’est lancé dans d’ambitieuses explorations d’autres continents et univers, avec The Lost City of Z se déroulant en partie dans la jungle amazonienne, et Ad Astra, qui suit un astronaute aux confins du système solaire. Avec Armageddon Time, le réalisateur ne revient pas seulement à New York, mais surtout dans le quartier de maisons mitoyennes de Flushing, dans le Queens, où il a grandi: «Je suis allé dans la jungle et dans le cosmos, et j’ai adoré ça. Mais à un moment donné, on comprend que l’infini est en soi. Et, si l'on parvient à s’exprimer sincèrement et sans détour, c’est ce qu’on peut faire de mieux. Je voulais rentrer à la maison, et faire un film qui serait le plus personnel possible.»
James Gray à propos du film: «L'histoire comme les mythes émergent toujours du microcosme de l’intime. Avec Armageddon Time, je me suis efforcé de faire le film le plus personnel et le plus lucide que j’ai pu. J’ai voulu me libérer des conventions propres à un genre et éliminer tout ce qui pourrait faire obstacle à la sincérité. Le rêve américain a toujours tenu une place importante dans l’histoire que ma famille aimait se raconter sur elle-même. On ne gobait pas toutes les platitudes, mais on embrassait de tout cœur le schéma narratif dominant. Mes parents se croyaient suffisamment lucides pour faire la différence entre mythe et réalité, mais je les ai vus se débattre avec les limites inhérentes à un système construit sur l’illusion d’une société sans classes. Le monde leur intimait de faire des compromis. En fin de compte, on a fait du mieux qu’on a pu, mais parfois, cela ne suffit pas. Ce film parle d’une époque passée qui fait écho à notre situation actuelle. J’aime les gens qui peuplent cette histoire. Aujourd’hui, ils ne sont que fantômes.»


Noche de Fuego

De Tatiana Huezo
Fiction, Mexique, Argentine, Brésil, Allemagne, Etats-Unis, Suisse, 2021, 1h50, v.o. s-t fr., 16/16

Dans un village isolé niché dans les montagnes mexicaines, la population se retrouve chaque jour sous le feu des cartels, en premier lieu les femmes et leurs filles. Pour empêcher qu’Ana, huit ans, se fasse enlever, sa mère Rita lui coupe les cheveux et lui montre où ses amies et elle peuvent se cacher en cas d’urgence. Au fil des ans, la présence des narcotrafiquants se renforce… Mais les jeunes filles ne comptent pas rester invisibles toute leur vie. Leur désir d’insouciance résistera-t-il à la violence qui les entoure?
Venant du documentaire, la cinéaste mexicaine Tatiana Huezo passe avec brio à la fiction. Elle offre dans Noche de Fuego des images particulièrement saisissantes et inventives et parvient à donner corps à la menace omniprésente des narcotrafiquants… Primé à Cannes et à San Sebastián, représentant du Mexique aux Oscars 2022, Noche de Fuego raconte avec force une histoire de survie.
«Tourné dans un village perché dans la Sierra Gorda, ce beau premier long-métrage de fiction de la cinéaste décrit, à hauteur de gosses puis d’adolescentes, les assignations genrées qui charpentent la vie d’une région montagneuse en proie à la tyrannie des cartels et militaires, où la plupart des hommes se révèlent singulièrement absents» (Libération)
«En un court enchaînement d’images percutantes, la mexicaine Tatiana Huezo témoigne d’une aisance remarquable pour donner vie à un monde, avec un sens de la nuance et de l’imaginaire, ainsi qu’un appétit contagieux pour des images riches d’évocation.» (Le Polyester)

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