Le cinéaste zurichois Cyril Schäublin vient présenter Unrueh, son second long-métrage, à l'affiche tout décembre, où il explore le mouvement anarchiste dans le Jura du 19e siècle. Œuvre inclassable et visuellement splendide, Unrueh a déjà eu les honneurs de nombreux festivals, dont celui de Berlin où il a reçu le Prix de la meilleure réalisation de la sélection Encounters, section qui récompense les films audacieux et innovants d'un point de vue esthétique et narratif.
UNRUEH de Cyril Schäublin
(Fiction, Suisse, 2022, 1h33, v.o. s-t fr., 6/12) – 1870 à Saint-Imier. Joséphine, jeune ouvrière, fabrique la pièce
maîtresse de l’horloge mécanique: le balancier. Exposée à de nouvelles
façons d'organiser l'argent, le temps et le travail, elle s'engage dans
le mouvement local des horlogers anarchistes, où elle rencontre le
voyageur russe Pyotr Kropotkine, géographe, cartographe et théoricien du
communisme libertaire…
Descendant d’une famille d'ouvrières
horlogères, le cinéaste zurichois Cyril Schäublin plonge dans son passé
et explore les liens entre histoire suisse et anarchisme. Il signe ici
son second long-métrage, sélectionné dans de nombreux festivals et
lauréat à Berlin du Prix de la meilleure réalisation dans la sélection
Encounters, section qui récompense les films audacieux et innovants d'un
point de vue esthétique et narratif. Une œuvre inclassable, à la beauté
et l’intelligence rare.
« Une fable remarquable et étonnante sur le capitalisme. » (Le Monde)
«Avec un calme étrange et troublant, Unrueh
plonge le spectateur dans une période de l'histoire où les idéaux de
collectivité et d'anarchisme affrontent les pouvoirs envahissants du
capitalisme. Après ses débuts avec Dene wos guet geit,
Cyril Schäublin continue à développer son style: avec un soin extrême
de la composition, il intercale des plans larges et des très gros plans
qui lui sont typiques et qui également célèbrent l'artisanat. Sa
position politique claire montre aussi, par le biais de la distanciation
et de l'ironie, à quel point son sujet est actuel et universel.» (Jury
de la section Encounters, Berlinale 2022)
«Comment traduire
efficacement le surréalisme qui rend Unrueh si unique? C’est une comédie
rêveuse et absurde située dans un village découpé par des décrets
absurdes en quatre fuseaux horaires. Mais sous la lisse surface des
politesses, Cyril Schaüblin montre que toutes les petites mains du
village s’agitent en cadence. À force de gros plans sur des mécanismes
horlogers, il bâtit alors le plus curieux des comptes à rebours. Si les
personnages d'Unrueh semblent
parfois construire une bombe ou une machine à voyager dans le futur,
Cyril Schaüblin a donné naissance à un film au charme inclassable.» (Le Polyester)
«Unrueh…
il suffirait d’échanger les deux dernières lettres du mot pour passer
de la signification en allemand de "balancier" à "désordre",
"agitation". C’est dans cette ambivalence sémantique que le réalisateur
zurichois construit, tel un horloger, son film à double mécanique. Cyril
Schäublin expose avec précision et foultitudes de détails comment
fonctionne une montre mécanique. Cette déconstruction de mécanique
horlogère adossée à celle de la mécanique du capitalisme industriel
produit une œuvre singulière, d’une grande finesse et de toute beauté.» (J:mag)
Cyril Schaüblin à propos du film
Ma grand-mère a travaillé dans une usine horlogère dans le nord-ouest de la Suisse où elle fabriquait le balancier (Unruh en allemand).
De nombreuses femmes de ma famille ont été actives dans l’industrie horlogère du 19e et du 20e siècle. J’ai souhaité faire un film sur leur travail et le temps qu’elles ont passé dans les usines, en y faisant aussi une place au mouvement syndicaliste des horlogers du 19e siècle. Les concepts de temps et de travail, développés et établis au début du capitalisme industriel, ne sont-ils éventuellement que des fictions? Comment des constructions comme la "nation" et d’autres inventions du 19e siècle influencent-elles notre vie en société d’aujourd’hui? Comment influencent-elles notre manière d’organiser et de vivre le temps et le travail? Est-ce qu’on peut parler d’une mythologie capitaliste qui agit d’une manière ou d’une autre sur notre quotidien? Et quels autres types de narration seraient éventuellement envisageables? En montrant dans ce film des situations tirées des années 1870, j’invite le public à peut-être reconsidérer d’un regard neuf la condition et l’état de notre société actuelle.
À l'affiche en décembre
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