De Manuela Martelli
Fiction, Chili, 2022, 1h35, v.o. s-t fr, 16/16
Chili, 1976. Trois ans après le coup d’État de Pinochet, Carmen part superviser la rénovation de la maison familiale en bord de mer. Son mari, ses enfants et petits-enfants vont et viennent pendant les vacances d’hiver. Tandis que les visites de ses enfants et petits-enfants se succèdent, elle choisit la couleur des murs à repeindre, offre de son temps en faisant la lecture à des aveugles, ou organise les traditionnelles fêtes de famille. Lorsqu'un prêtre lui demande de l’aider à soigner un jeune homme gravement blessé qu’il héberge en secret, Carmen se retrouve en terre inconnue, loin de la vie bourgeoise et tranquille à laquelle elle est habituée…
Pour son premier long-métrage, l'actrice et cinéaste chilienne Manuela Martelli réalise un polar captivant, qui décrit la dictature en adoptant le point de vue inédit d’une femme de la bourgeoisie. Un film sélectionné à Cannes en 2022, salué pour la rigueur de sa mise en scène et la force de son propos, multipliant les indices et sous-entendus liés à une répression qui ne dit pas son nom.
Manuela Martelli à propos du film: «À l’adolescence, j’ai commencé à me poser des questions sur ma grand-mère maternelle, que je n’avais jamais rencontrée. Il y avait un parfum de mystère autour d’elle. En m’interrogeant sur ma grand-mère et le silence autour de sa mort, je me suis intéressée à la période de cet événement: 1976. C’est l’une des années les plus sombres et cruelles de la dictature. Comment imaginer que ce qui se passait dans la rue n’affecterait pas l’espace domestique? Comment pouvions-nous faire comme si de rien n’était et vivre notre quotidien, tandis qu’à l’extérieur les dissidents étaient jetés dans l’océan?»