D'Alice Rohrwacher
Fiction, Italie, France, Suisse, 2023, 2h14, v.o. s-t FR., 16/16
Chacun poursuit sa chimère sans jamais parvenir à la saisir… Pour certains, c'est un rêve d’argent facile, pour d'autres la quête d’un amour passé. De retour dans sa petite ville du bord de la mer Tyrrhénienne, Arthur retrouve sa bande de
Tombaroli, des pilleurs de tombes étrusques et de merveilles archéologiques. Arthur a un don qu’il met au service de ses amis brigands: il ressent le vide. Le vide de la terre dans laquelle se trouvent les vestiges d’un monde passé. Le même vide qu’a laissé en lui le souvenir de son amour perdu, Beniamina…
Après
Corpo Celeste,
Le Meraviglie et
Lazzaro Felice, la cinéaste italienne propose avec
La Chimera «un voyage à travers les âges, les saisons et les civilisations, pour restituer la fresque complexe, parfois dramatique et parfois joyeuse, que constitue notre passé». Présenté en compétition à Cannes, tourné en pellicule avec une grande liberté formelle,
La Chimera est un conte féérique, burlesque et exubérant. Un coup de cœur.
«En sortant de la projection de ce film de bande et de contrebande, peuplé de pilleurs de tombes étrusques, on retient deux ou trois choses qui rendent l’expérience prodigieuse: tout d’abord l’image, le grain du 35 millimètres scrutant les fresques italiennes dans un clair-obscur, le super-16 et le 16 millimètres transportant le spectateur dans le conte. La narration ensuite, qui sonde au-delà des dialogues, expérimente un langage muet et puise dans les chansons, interprétées par les comédiens, quelques éclairages sur la vie d’Arthur.» (Le Monde)
Alice Rohrwacher à propose de son film: «Là où j'ai grandi, on entendait souvent des histoires de trésors cachés, de fouilles clandestines et d'aventures mystérieuses. Il suffisait de tendre une oreille dans un bar pour entendre parler de cet homme qui avait découvert une tombe villanovienne un jour avec son tracteur; de cet autre qui, en creusant la nuit, avait déterré un collier d'or si long qu'il pouvait encercler sa maison avec; et d'autres encore qui avaient fait fortune en vendant, en Suisse, un vase étrusque déniché dans leur cave. Cette proximité entre le sacré et le profane, entre la mort et la vie, qui m'a fascinée pendant toute mon enfance, a façonné mon regard de cinéaste. C’est pour cela que j'ai décidé de réaliser un film qui raconte cette intrigue aux multiples facettes. Cette relation entre deux mondes, probablement la dernière pièce d'un triptyque (après Les Merveilles et Heureux comme Lazzaro) qui s'interroge sur une question qui m’est chère: que faire du passé?»