Ours d'or à Berlin en 2024, Dahomey de Mati Diop, à qui l'on doit Atlantique, est à l'affiche tout le mois d'octobre. Œuvre saisissante, magique, à la frontière du documentaire et de la fiction, Dahomey propose une réflexion complexe et passionnante sur le postcolonialisme en narrant le destin des œuvres d’art restituées au Bénin par la France en 2021. À l'occasion de la sortie du film, le Cinéma CityClub propose une projection spéciale en présence du monteur suisse Gabriel Gonzalez.
DAHOMEY DE MATI DIOP
(Documentaire, Bénin/Sénégal/France, 2024, 1h08, en français et v.o. s-t fr. 10/14) – Novembre 2021, vingt-six trésors royaux du Dahomey s’apprêtent à quitter Paris pour être rapatriés vers leur terre d’origine, devenue le Bénin. Avec plusieurs milliers d’autres, ces œuvres furent pillées lors de l’invasion des troupes coloniales françaises en 1892. Mais comment vivre le retour de ces ancêtres dans un pays qui a dû se construire et composer avec leur absence? Tandis que l’âme des œuvres se libère, le débat fait rage parmi les étudiantes et étudiants de l’université d’Abomey-Calavi.
«Poème et pamphlet, documentaire et film fantastique, acte de cinéma puissamment décolonial, Dahomey invente un cinéma politique magique.» (Les Inrockuptibles)
«Documentaire aux dispositions fantastiques, fréquentant ouvertement la fiction, le film est une envoûtante réussite en style libre, qui renferme des abîmes sur le préjudice colonial. Ses éclats sombres, sa poésie stoïque, renouvellent la marque d’une cinéaste qui rôde sans peur dans un au-delà du film à sujet ou de la plate narration.» (Libération)
«Un film aux vertus puissantes et ensorcelantes qui vient casser tous les codes et les académismes.» (Marie Claire)
«Un essai poétique et politique, une mise en scène sensualiste pour une très grande cinéaste.» (La Septième Obsession)
MATI DIOP À PROPOS DE SON FILM
Lorsque j’ai entendu le terme "restitution" pour la première fois en 2017, j’étais encore en pleine écriture d’Atlantique. En tant que cinéaste afro-descendante, ce mot a trouvé en moi une résonance profonde. Cette question traverse mon travail. Les films que j’ai réalisés à Dakar entre 2009 et 2019 s’inscrivent aussi dans une démarche de retour. Un retour vers mes origines africaines, vers une part de moi-même trop longtemps ensevelie sous l’hégémonie de mon environnement occidental. S’ajoutait aussi l’écho troublant entre la figure du revenant d’Atlantique (que je terminais d’écrire à l’époque) et le retour d’œuvres africaines en pays natal. Restitution, Revenance, Retour, Réparation... s’associaient dans ma tête.
En plus de l’impératif que je ressentais à faire ce film, j’avais besoin, après Atlantique, de retrouver un processus d’écriture et de tournage plus libre que sur une fiction. J’aime m’affranchir des conventions de formats et l’idée d’inventer un dispositif d’écriture propre à chaque film. J’ai conçu Atlantique comme un "conte gothique". Pour Dahomey , "documentaire fantastique" conviendrait bien. Si l’on sort du film en se demandant ce qu’on vient de voir, qu’on a traversé une expérience unique (tout en ayant été touché bien sûr), alors j’ai le sentiment d’avoir contribué à rendre le cinéma plus étonnant et plus innovant. C’est aussi ce que j’attends qu’un film me procure, d’où qu’il vienne.
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