Artiste et cinéaste, Pauline Julier vient présenter son essai documentaire Naturales Historiae, une exploration en plusieurs chapitres de notre rapport à la nature et à ses représentations, faisant notamment intervenir le sociologue Bruno Latour et l'anthropologue Philippe Descola. À l'issue de la projection, une rencontre sera proposée sur scène avec la cinéaste, l’anthropologue Nastassja Martin et le metteur en scène Philippe Quesne, modérée par le dramaturge Eric Vautrin.
Un événement organisé en partenariat avec le Théâtre Vidy-Lausanne.
Naturales Historiae de Pauline Julier
(Documentaire, Suisse, 2019, 56 minutes, en français et chinois avec s-t fr., 16/16) – À travers différentes histoires naturelles tournées entre la Chine, la France et l'Italie,
Naturales Historia interroge nos manières de penser et représenter la Nature. Chaque chapitre explore une situation d’êtres humains aux prises avec la Nature et ses images, qui révèle leurs obsessions et ébranle nos certitudes.
«Le film s'amorce par une éruption volcanique qui aurait bloqué la réalisatrice, Pauline Julier, dans une ville étrangère, au milieu d’inconnus. Ceux-ci évoquent tour à tour des légendes sur la formation des continents, l’éclosion des plaques tectoniques ou l’explosion de cendres qui auraient provoqué des étés sans soleil. À partir de cet événement, Julier décide de remettre en question le concept, aussi vaste qu’épineux, de la représentation de la nature. Séparé par différents axes thématiques tels que le paysage, la notion du sublime, la conquête spatiale, ou même la supercherie autour des catastrophes naturelles, le film retrace avec subtilité une histoire critique de la nature. Allant des notions mythologiques d’un monde dominé par les forces naturelles, au paradigme de l’Anthropocène dans lequel on se trouverait aujourd’hui, Naturales Historiae n’aborde pas la nature comme une notion universelle et objective, mais comme une pure construction discursive, une fiction. En l'absence de certitude, la nature ne serait alors peut-être que l'incompréhensible, l'indompté; tout ce que l'on ne pourrait jamais enfermer dans le cadre d’un paysage.» (Visions du Réel)
Discussion à l'issue du film: les intervenant.e.s
Pauline JulierPauline Julier est artiste et cinéaste. Ses films ont été présentés dans des festivals, des centres d’art et des institutions du monde entier, parmi lesquels le Centre Pompidou à Paris, le Festival Loop à Barcelone, Visions du Réel à Nyon, DOCLisboa, le Tokyo Wonder Site à Tokyo, le Museum of Modern Art en Tanzanie, le Centre d’Art de Genève, à New York, Madrid, Berlin, Zagreb, Bucharest, à la Cinémathèque à Toronto ou encore au Pera Museum Musée à Istanbul. Elle a reçu le Swiss Federal Art Price à Art Basel en 2010 et elle a présenté une exposition solo au Centre Culturel Suisse de Paris en 2017. Cette année, elle participe à l’exposition de Bruno Latour,
Critical Zone au ZKM et finit une résidence d’une année à l’Institut Suisse de Rome pour un nouveau cycle de recherches et films.
Philippe Quesne
Philippe Quesne crée en 2003 le bien nommé Vivarium Studio. Le metteur en scène, plasticien et scénographe français conçoit en effet le théâtre comme un lieu d’habitat provisoire au sein d’un écosystème artificiel, imaginé pour observer une petite communauté humaine réinventer ses logiques et expérimenter d’autres façons d’évoluer, de cohabiter et de penser. À partir d’un titre et d’une scénographie, ses spectacles sont développés en collaboration avec les interprètes lors des répétitions, convoquant à l’envi le merveilleux et le microscopique, le quotidien et l'inattendu, l’humour et le tragique, le mensonge théâtral et la vérité de la nature. Parallèlement, il crée des performances ou des interventions dans l’espace public, expose ses installations et met en scène des opéras. À Lausanne, il a présenté La Mélancolie des dragons et Swamp Club à l’Arsenic, et à Vidy L’Après-midi des taupes et La Nuit des taupes en 2017, Crash park, la vie d’une île en 2019, Farm Fatale en 2022, avant d'y créer Fantasmagoria.
Nastassja MartinDans le cadre de sa thèse de doctorat dirigée par Philippe Descola, Nastassja Martin effectue un travail de terrain de deux ans chez les Gwich'in, une société de chasseurs-cueilleurs du nord-est de l'Alaska, dont elle tire l'essai
Les Âmes sauvages. Face à l'Occident, la résistance d’un peuple d’Alaska (La Découverte, 2016) qui reçoit le prix Louis Castex de l’Académie française. En août 2015, lors d'une étude anthropologique auprès des Évènes, dans les montagnes du Kamtchatka, elle est attaquée par un ours qui emporte un pan de son visage.
Croire aux fauves (Verticales, 2019) retrace cette rencontre avec le sauvage et sa reconnaissance à la croisée des mondes humains et non humains, prônant l'invention d'une nouvelle écologie des relations dans une prose empreinte d'animisme. Ce premier récit est lauréat des prix François-Sommer, Mac-Orlan, Joseph-Kessel et du Livre du Réel. Nastassja Martin a aussi coréalisé des documentaires avec Mike Magidson, dont
Tvaïan, diffusé sur Arte.
PARTENARIATCosmic Drama de Philippe Quesne, du 18 au 22 janvier 2023 au Théâtre Vidy-Lausanne
Un space opera intergalactique mélancolique et flashy signé Philippe Quesne. Suspendue dans les airs, une curieuse navette-météorite aménagée emporte un petit groupe d'humains se frayer un chemin à travers l’immensité de l’espace: l'humanité est désormais gravitationnelle.
CYCLE PAULINE JULIER
En
plus de la projection au CityClub, plusieurs films et événements autour
de l'œuvre de Pauline Julier sont proposés dans les salles romandes du
28 septembre au 7 octobre.